Pourquoi Camille Claudel a été internée ?

Camille Claudel a été internée dans un asile psychiatrique en 1913 à la demande de sa famille. Si les raisons de son internement sont maintenant connus, les deux questions qui peuvent se poser sont les suivantes : pourquoi avoir attendu la mort du père de Camille Claudel pour internée la fille ? Et pourquoi sa mère a t-elle toujours refusé de faire sortir sa fille Camille de l’asile, alors que les médecins préconisaient en retour au sein de la famille ?

Les causes de l’internement de Camille Claudel ?

Camille Claudel a été internée dans un asile psychiatrique en 1913 à la demande de sa famille, principalement en raison de troubles mentaux et de problèmes de santé mentale. On peut lire dans les rapports des médecins, rédigés lors de son internement, que ces derniers pensent qu'elle souffrait de délires systématique de persécution. Lors de multiples observations effectuées durant les premiers jours de son internement, il est noté que Camille Claudel se dit victime des agissements criminels d’un sculpteur célèbre (sans le nommer) qui aurait cherché à l’empoisonner, afin de lui voler ses œuvres.

Pour la famille, Camille est folle. Depuis quelques années elle vit seule, effraie son voisinage, n’est plus autonome pour se laver et se nourrir correctement. Les signes d’un abandon affectif sont flagrants, mais alors pourquoi avoir attendu la mort du père Claudel, à l’âge de 83 ans, pour prendre la décision d’interner Camille Claudel ?

Questions autour de l’internement de Camille Claudel

  • Pourquoi avoir attendu la mort du père Claudel, à l’âge de 83 ans, pour prendre la décision d’interner Camille Claudel ?

Trois jours après la mort de Louis-Prosper Claudel, la famille décide de faire interner Camille. Paul Claudel prend contact avec le docteur Michaux pour établir un certificat d’internement qui devra modifier son avis médical sur les conseils du directeur de l’asile de Ville-Evrard. Le docteur Michaux mentionnait un état dangereux pour Camille Claudel et son voisinage par manque de soins et de nourriture, une précision quo aurait rendu le médecin et la famille responsable d’abandon.

Ensuite, c’est la mère de Camille Claudel qui signe une attestation de demande d’internement. Celui-ci sera entériné en vertu d’un arrêté préfectoral signé le lundi 10 mars 1913, soit 8 jours après la mort de son père.

On peut donc estimer que le père de Camille Claudel se serait opposé à cet internement, mais que faisait-il de plus pour aider sa fille à sortir de son isolement ? Le brave homme se plaignait souvent du comportement de Camille, laissant son fils Paul faire l’intermédiaire quand il s’agissait de payer le loyer ou d’autres dépenses diverses. Mais Paul était consul, voyageait souvent et avait sa propre carrière d’artiste à mener.

On peut donc conclure qu’il aurait fallu une volonté indéfectible pour faire entendre raison à Camille, qui semblait, même diminuée, effrayer sa propre famille. Les membres de la famille Claudel vivaient encore avec le souvenir d’une Camille volontaire et incapable de laisser à d’autres la gestion de sa destinée, comme elle avait su imposer à ses parents de partir vivre à Paris pour qu’elle puisse accomplir sa vocation d’artiste. Camille diminuée continuait d’imposer son aura de femme au caractère démoniaque, alors qu’elle avait besoin d'un peu d’attention et d’un peu d’autorité pour la sortir de son isolement.

  • Pourquoi la mère de Camille Claudel toujours refusé de rendre sa liberté à sa fille ?

En raison de la première guerre mondiale, Camille sera transféré à l’asile de Montdevergues, près de Montfavet (Vaucluse). Rapidement, les médecins et les infirmières confirment que Camille Claudel n’est pas folle, en tous les cas pas aussi démunie intellectuellement que la majorité des internées de l’asile. Le médecin de l’asile conseillera d’ailleurs plusieurs fois par écrit, qu’il lui paraît judicieux que Camille retrouve sa famille, son état mental ne justifiant plus in internement forcé. Si son comportement est parfois décrit comme original (elle souhaite se faire à manger seule, décore ses cheveux de fleurs cueillies dans le parc de l’asile, reste des heures assise sur un banc sans parler, évoque Rodin qui continuerait à lui vouloir du mal...), Camille Claudel ne représente pas une menace pour elle-même, ni pour les autres. Mais la mère de Camille refusera systématiquement qu’on libère sa fille, elle l’écrira en ces termes : « Elle nous a fait assez souffrir, pour rester enfermée. Je suis très âgée et je ne veux à aucun prix accéder à sa demande de liberté. Elle est très bien chez vous, qu’elle y reste »

Les raison de cet entêtement maternel trouvent leur origine dans l’histoire de Camille Claudel, une histoire qui sera l’objet du roman Le Complexe de Camille, à paraître en 2025. Le but de ce roman n'étant pas de chercher à identifier les coupables qui ont fomenté l’internement de Camille Claudel (ils sont connus), mais les coupables de son délabrement mental.

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